Mon avis
Je n’aime pas lire les romans médiatisés, ceux que tout le monde a lus dès leur sortie... Il y a trop d’avis sur la toile alors je préfère attendre que la tempête passe pour lire au calme. Il était donc temps de faire renaitre ce prix Goncourt et quoi de mieux que l’attaquer un 11 novembre.
Nous sommes le 2 nombre 1918 et la Première Guerre Mondiale touche à sa fin. Le plus sûr serait d’attendre tranquillement dans la tranchée les quelques jours restants mais c’est sans compter sur le lieutenant Henri Aulnay-Pradelle qui veut briller auprès de sa hiérarchie et qui réussit, par un tour de passe-passe, à relancer le combat.
Albert Maillard est un tranquille et solitaire employé de banque qui se retrouve au milieu de cette loterie à balles réelles pour échapper à son quotidien et à sa mère. En ce moment, il est plutôt au fond du trou grâce au « gentil » lieutenant, mais comment en sortir ?
Edouard Péricourt, le jeunot amateur de dessins, vient à sa rescousse et s’en sort très très mal : défiguré et boitant à vie. A 24 ans, c’est dur.
Nous allons alors suivre la vie de ses trois personnes, le retour à la réalité où les horreurs de la Guerre se sont infiltrées au plus profond d’eux et les ont complètement changé.
Nous sommes dans un roman d’après-guerre où les soldats sont dans l’attente des pensions d’invalidité, où ils ne peuvent trouver du travail car ils sont maintenant trop handicapés pour ça... Les survivants sont laissés pour compte et auraient finalement mieux faits de mourir avec les honneurs, au moins ils auraient été célébrés tout les ans devant un superbe monument commémoratif.
J’ai détesté Pradelle qui finit par épouser Madeleine, la sœur d’Edouard, il est aussi promu capitaine. Tout va bien pour lui, dans le meilleur des mondes. Entre deux infidélités, il mène son petit business de construction de cimetières militaires comme un professionnel, surtout quand on n’est pas regardant sur la qualité des cercueils ou le nom des soldats enterrés...
Je me suis attachée à Albert qui est certes pleurnichard et paranoïaque mais n’abandonne pas son ami qui lui a sauvé la vie. On a pitié de lui et de ce qui lui arrive, on voudrait qu’il s’en sorte. Edouard est quelqu’un de plus complexe. Blessé moralement mais surtout physiquement, il se noie dans la drogue et en veut à tout le monde. Il va alors imaginer une énorme vengeance qui va les sortir de la misère de l’après-guerre : prendre l’argent de l’état. Mais quand l’engrenage est enclenché, il est impossible de faire marche arrière.
J’ai aimé le revirement de situation final, un 180° où l’horreur en rattrape certains mais donne également l’espoir et la paix à d’autres.
J’ai été happée par l’histoire, cette réalité historique et fictive. Je ne m’attendais pas du tout à cela et j’ai vraiment été agréablement surprise par cette lecture où la cupidité tient une place importante.