Mon avis
Ce recueil contient quatre nouvelles différentes mais qui se rejoignent aussi sur certains points.
L'enfer en bouteille
Il existe une nouvelle, publiée par Kyusaku Yumeno en 1928, qui a été adaptée en manga ici.
Deux jeunes enfants échouent sur une île déserte avec quelques bagages comme un couteau, un carnet avec un crayon, une loupe, trois bouteilles de bière vides et une Bible. Ils vont survivre grâce à la nourriture fournie par l'île mais, en grandissant, ils commencent à éprouver du désir l'un pour l'autre sauf que la Bible ne tolère pas l'inceste.
Ce conte est écrit à l'envers, nous savons que leur avenir est tragique et remontons le temps grâce aux bouteilles de bière, ce qui rend l'histoire encore plus morbide car nous suivons leur tentation, leur envie de pécher !
La tentation de Saint-Antoine
Saint-Antoine est en fait Antoine le Grand, un prêcheur de la Bonne Parole. Il s'isole dans le désert en Egypte où il subit les tentations du Diable. Cet épisode chrétien est très connu et a servi de source d'inspiration à Suehiro Maruo. Ici, nous avons un moine pour qui il arrive la même chose, ils a des visions sensuelles qui sont là pour le détourner de sa foi.
Les gâteaux de riz de la fortune
Un couple pauvre est jaloux du voisin, un ancien masseur aveugle qui vit dans l'opulence. Sauf qu'il n'a pas vraiment perdu la vue et le couple veut s'emparer de son argent grâce à l'aide du frère de la jeune femme qui arrive pile au bon moment apparemment.
Pauvre grande sœur
Une jeune fille malheureuse s'occupe de son demi-frère mentalement attardé et au visage disgracieux. Ils se sont enfuis ensemble quand leur père a eu la sombre idée de vouloir couper les membres du petit garçon et le vendre à un cirque. Depuis sa sœur se prostitue pour survivre et l'élever. Mais leur géniteur les retrouve finalement...
Le dessin est tout en finesse, que ce soit pour les personnages beaux ou les âmes moches. L'anatomie du petit garçon de la dernière nouvelle est parfaitement disgracieuse et très bien rendue par exemple.
Suehiro Maruo joue sur l'étrangeté, le déroutant, le morbide... Il choque et interpelle, il ouvre l'esprit, fascine, dérange, surprend, torture... Nous sommes plongés dans la nature humaine la plus vile, méchante, noire, cruelle, particulière...